Deux chocs pour mes genoux de gnou
À titre de gnou, je me dois de vous raconter mes aventures africaines, réelles ou imaginaires.
Considérons donc que je suis présentement en Afrique, en Tanzanie pour être précis et que je suis à la recherche de mes « frères » qui sont traqués par les méchants félins, lions, léopards et guépards…
Que pourrait-il arriver de pire que de voir un de mes semblables se faire dévorer sous mes yeux par un de ses terribles félidés? Peut-être de voir un de mes congénères déjà mort être la proie des charognards!
Aussi incroyable que cela puisse paraitre, cela s’est produit et j’ai dû assister, impuissant, à l’autopsie d’un camarade tombé raide mort, autopsie pratiquée par un troupeau de vautours enragés. Ils se battaient même entre eux sous l’œil intéressé, surtout par les restes de l’autopsie, d’un marabout tout aussi charognard que ses sinistres confrères ailés.
Après avoir vu cette scène d’une cruauté innommable, j’ai continué ma route à la recherche de mes valeureux congénères dont la splendeur de la barbe n’a pas d’égale!
Miracle et second choc pour mes genoux endommagés par des années de migration entre le Masai Mara et le Serengeti! J’ai enfin aperçu quelques-uns de mes frères, éclatants de santé et brillants de tous les feux de leur intelligence. Heureusement qu’il faisait jour, car je ne les aurais pas vus.
Quand je dis « quelques-uns », je veux dire quelques milliers, peut-être même centaines de milliers se déplaçant dans la savane en troupeau désorganisé et prompt à s’énerver, comme il sied à un gnou bien né. J’ai même assisté à leur arrivée près d’un lac où ils ont étanché leur soif dans un désordre tout aussi sympathique que « gnoutale ».
Je m’arrête ici pour aujourd’hui, le temps de vous laisser digérer cette littérature africaine et de me remettre des mes émotions. En espérant que cette digestion soit plus calme que celle des vautours qui ont dévoré mon ami, vautours auxquels je souhaite des crampes de bec.
Un mot seulement pour vous dire que ma prochaine intervention portera sur mes ennemis jurés, les très décadents félins. Notons à ce sujet que la crinière du lion est à la barbe du gnou ce que le poil de brosse est à la fourrure du chinchilla, à savoir un ersatz raide et disgracieux.
10 janvier – Une « vraie » journée de safari
Depuis notre arrivée, nos chauffeurs ne cessent de nous répéter qu’un « vrai » safari se doit d’être parsemé d’embûches … Ce fut le cas aujourd’hui!
Levés à 5 h 15 et embarqués dans les 4×4 après un maigre café, nous sommes partis à la « chasse » aux animaux, qui se faisaient relativement rares… Seules nouveautés, de mignons renards à oreilles de chauve-souris et quelques rats des rochers poilus.
Comme au Kenya, les routes du parc sont encore boueuses, car la saison des pluies n’est pas totalement terminée. Ce qui devait arriver arriva donc : un des trois véhicules de notre convoi s’est enlisé. S’ensuivit presque une heure où nous avons assistés, impuissants, à des manœuvres pour le sortir de son trou de boue, au risque d’enliser le deuxième véhicule, puis le troisième… Pour finalement tous en sortir, boueux à souhait!
Un gros déjeuner au pain doré (avec sirop de poteau!) et de saucisse plus tard, nous sommes repartis chercher des animaux… Avant de tomber sur le dernier des Big Five qui nous manquait, le léopard. Joie! Nous (et quelques dizaines d’autres véhicules de touristes) l’avons observé sous tous les angles avec nos jumelles entre les branches de l’arbre où il se reposait, avant que monsieur daigne descendre marcher sur le plancher des gnous. Impressionnant.
Ensuite, direction une attaque de lionnes sur un buffle en direct… Pour une moitié du groupe, l’autre étant restée auprès du gros chat tacheté. Paraît-il que c’était spectaculaire. Les autres ont quand même eu droit à une lionne déambulant à quelques mètres du camion, c’est toujours ça.
Après une longue pause d’après-midi – que certains ont passé à dormir sur le perron de la tente – nous sommes repartis à la recherche d’autres bestioles. Pas très fructueux cette fois, sauf peut-être pour une impressionnante troupe d’hippopotames, des oiseaux et des dik dik, la plus minuscule et jolie espèce d’antilope du coin.
Sans oublier le traditionnel coucher de soleil africain…