14-29 novembre : Tranches de vie

29 novembre 2009 at 2:41 (Yaoundé)

Rebonjour à tous! Désolée pour la longue absence, mais j’ai été très occupée, et Internet a connu quelques ratés (encore!). Voici donc rapidement quelques morceaux choisis de ma vie des deux dernières semaines.

Angola et Afrique du Sud, les voilà!

D’abord, une nouvelle sportive de la première importance : les Lions indomptables camerounais se sont qualifiés pour la Coupe d’Afrique des Nations et la Coupe du Monde 2010 en battant les Lions de l’Atlas 2-0 à Fèz (Maroc). Le match du 14 novembre aura été éprouvant pour les fans camerounais (et pour moi!), car des délais dans l’organisation de la télédiffusion (surprise?!?) nous auront privés des images de la première mi-temps. Regarder un écran bleu qui parle pendant 45 minutes, c’est déprimant! Par bonheur, tout est revenu dans l’ordre pour la deuxième mi-temps, malgré une qualité visuelle discutable…

Quoi qu’il en soit, on a gagné! Malheureusement, je n’ai pas pu vivre pleinement la liesse ambiante, car plusieurs de mes collègues m’avaient suggéré de rester gentiment chez moi par peur des débordements d’émotions de leurs concitoyens… Mais je ne regrette pas d’avoir suivi le match avec le gardien de sécurité de la maison en direct de sa guérite, c’était sympa! La suite aura lieu en Angola en janvier avec la Coupe d’Afrique des Nations. Je suivrai les matchs de Douala. Pour la Coupe du Monde, prévue en Afrique du Sud en juin, je vais me trouver un bar montréalais qui diffuse les matchs du Cameroun… Go Lions Go!

Votre mule est un peu maso… Mais on l’aime comme ça!

Question de rentabiliser « journalistiquement » mon stage à la CRTV, j’ai décidé de prendre ma phobie par les cornes et de me forcer à faire des reportages en direct. Je me suis donc volontairement mise dans un état de stress proche de l’Alabama trois fois en 15 jours… Et le résultat est de plus en plus concluant. Il y a donc de l’espoir, mais je continuerai à travailler là-dessus à Douala à partir du 14 décembre.

Autre preuve de mon « masochisme » professionnel, j’ai finalement rallongé mon stage d’une journée pour le terminer officiellement le samedi 28 novembre à 20h. Et pour ma dernière journée, je me suis tapé l’écriture et le montage d’un long papier sur la Tabaski (la fête musulmane du mouton, que j’ai d’ailleurs célébrée avec 2 familles pour le bien de mon reportage!), la couverture d’un tournoi de foot/séance de dépistage du VIH par une ONG locale et finalement la réalisation du journal de 19h30… Qu’est-ce qu’on ne fera pas pour le plus beau métier du monde! 😉

Quoi qu’il en soit, j’ai terminé mon passage à CRTV Radio Centre avec les félicitations du chef de station, qui d’ailleurs contacté les gens chez qui je loge pour leur dire à quel point j’étais « travaillante, motivée et toujours de bonne humeur ». C’est assez réjouissant! J’ai aussi eu droit à une avalanche de bons commentaires de la part de mes collègues, à qui « je vais beaucoup manquer », disent-ils. Certains d’entre eux se sont même cotisés pour m’offrir de jolis cadeaux de départ : un bracelet en noix de coco, une montre en bois (des gens qui se foutent de l’heure et qui me donnent une montre… Appréciez l’ironie!) et une très jolie paire de sandales en raffia pour «mes pieds de poupée», dixit l’un d’entre eux. Je porterai le tout très fièrement à mon retour.

C’est confirmé : mes retours à Yaoundé seront fréquents!

Une autre page de mon voyage est donc presque tournée… J’ai toutefois prévu revenir le plus fréquemment possible à Yaoundé, ou je me suis fait quelques bons amis que je ne suis pas prête à laisser filer tout de suite. Il ne faudrait pas non plus oublier ma famille d’accueil, à laquelle je suis très attachée, et qui semble m’aimer beaucoup aussi. D’ailleurs, Joseph et Josyane m’ont assuré que «ma chambre» serait disponible aussi longtemps que je serais au Cameroun et que je pouvais revenir chaque fin de semaine si j’en avais envie. Une chose est sûre, c’est avec les Ndongo que je célébrerai Noël… À défaut d’être auprès de ma vraie famille, je serai donc avec ce qui s’en rapproche le plus!

A moi le Grand Nord… du Cameroun

En terminant, je vous annonce que serai encore absente de vos écrans pour une quinzaine de jours, car je pars aujourd’hui en expédition à l’Extrême-Nord du Cameroun, une région très mal desservie par les ondes… Et accessoirement, je n’amène pas mon portable avec moi, question de réduire les risques de vol.

Je me prépare donc actuellement à ma première nuit à vie dans un couchette de train, ainsi qu’à mon plus long voyage «locomotisé» à date : entre 12h et 18h de train pour faire 650 km jusqu’à Ngaoundéré… Je m’attends à toute une expérience !

Ne vous inquiétez pas, j’ai quelqu’un « de confiance » qui m’attend à la sortie du train, de même que dans la plupart des villes que je vais visiter durant les deux prochaines semaines – incluant le parc national de Waza où je ferai 2 jours de safari. Je serai entre bonne mains, surtout qu’il y a la sœur de mon directeur de stage et trois délégués gouvernementaux dans le lot, et que ledit directeur suivra mes pas à la trace, parce que c’est lui qui a organisé mon voyage (c’est sa région!).

Nouvelle de dernière minute !!! A deux heures du départ, j’apprend que je prendrai finalement part à un circuit touristique organisé d’une semaine dans la plus pure tradition occidentale. Donc ne vous en faites pas pour ma sécurité et mon confort, je suis doublement entre bonne main. La seule chose qui reste plus ou moins connue, c’est le coût de l’aventure, mais ça on verra après…. Ma sécurité, ça n’a pas de prix !

A bientôt tout le monde… Je vais contempler la nature sauvage africaine pour vous, et je vous ramène des tonnes de photos!

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La réplique du castor (9)

15 novembre 2009 at 5:07 (Castor canadensis)

Dans cette réplique, le rongeur, habituellement critique et il faut le dire, un peu baveux, a décidé qu’il serait farfelu, festif et même frivole.

En effet, après avoir lu la charge de la tête de mule légèrement frustrée dans son état de Femme, il s’est dit qu’un peu de légèreté s’imposait. Non pas que cette charge, qui s’apparente à celle d’un  original, même à celle d’un « ‘orignal épormyable » comme écrivait Claude Gauvreau, l’ait particulièrement déstabilisé. En effet, chacun sait que les castors sont habitués d’assister aux charges des orignaux. Non pas, non plus, que la sortie féministe de la mule ait été mal reçue car quelques commentaires élogieux provenant de l’entourage de Madame Castor sont parvenus jusqu’aux oreilles du MCC.

Disons plutôt qu’un être doté de cette apparence

Le castor "CANADIENS de MONTRÉAL"

n’est pas très crédible pour tenir des discours féministes, masculinistes ou même trotskystes! Il en profitera donc pour « libérer l’enfant en lui », comme ils disent dans les ouvrages de pop psycho. En plus, cela devrait plaire à la tête de mule, grande admiratrice (!) de ce genre littéraire…Allons y donc pour une série d’interventions connues dans le monde du journalisme comme des brèves.

– La semaine qui s’achève au Québec a été considérée par plusieurs comme  « l’été indien« . Dans le cas du castor, la semaine a été d’autant plus indienne qu’il a passé une grande partie de celle-ci dans une réserve autochtone, ou indienne comme on disait autrefois. En voyant  l’emblème de cette nation, vous comprendrez pourquoi :

Castorh

L'emblème de la nation ???

Il sera facile, pour ceux qui ont une vague idée de « la personnalité profonde » du castor,  de deviner de quelle bande il s’agit. Pour les autres qui s’intéressent aux communautés autochtones, le MCC se fera un plaisir de les renseigner à condition qu’il reçoive  une demande écrite imprimée en 3 exemplaires … ou un commentaire.

– Au Canada, la campagne de vaccination contre la grippe A (H1N1) se poursuit chez les humains. Après avoir ciblé les cas les plus à risques, le vaccin sera disponible pour l’ensemble de la population mais pas pour .. les castors! Quelle injustice quand on sait que cette grippe est possiblement d’origine animale. En passant,  les mules ne sont pas vaccinées non plus, surtout celles absentes de leur pays d’origine!

– Noël s’en vient. Le MCC a déjà commencé à songer à ce qu’il offrira à Mme Castor pour cette occasion. Il hésite entre des caches-oreilles roses en poil de ..mule ou une nouvelle castorette aux couleurs du CH.

– Parlant du CH, il a perdu 2-0 hier soir, soit samedi le 14 novembre. Le gardien Carey Price a reçu 55 lancers alors que ses coéquipiers n’ont lancé que 20 fois. Radio-Canada coiffe d’ailleurs l’article sur son site du titre « Price Seul au monde« . Pour se motiver, le MCC conseille donc à Carey d’aller voir le film du même nom, ce que la tête de mule a déjà fait. Qui sait, la présence de Wilson le portera-t-il à discuter avec sa mitaine, comme Patrick Roy avec ses poteaux. Il pourra aussi écouter la chanson « SEUL » de Garou dont voici un extrait particulièrement adapté :

On a beau tout avoir
L’argent, l’amour, la gloire
Il y a toujours un soir
Où l’on se retrouve seul
Seul au point de départ

– En passant, le CH vient de servir de prétexte au MCC pour disserter, dans une même paragraphe,  de sport, de cinéma, de musique le tout en puisant dans les « Histoires de famille » de la mule. On viendra dire ensuite que le sport n’est pas culturel. Go Habs Go!

– Votre rongeur favori s’en voudrait de ne pas souligner la « non démission » du nouveau chef de l’ADQ, Gilles Taillon. Cette décision survient après sa courte victoire par un vote, suivie de la démission de 2 des 6 députés de son parti, dont son rival malheureux lors de l’élection du « cheuf », Eric Caire.  Toutefois, M Taillon réclame une nouvelle course à la chefferie, course à laquelle il ne participera pas! Personne n’aurait pas pu inventé une situation aussi absurde, situation qui fait quand même l’objet de sérieuses analyses politiques.

– En relation avec ce qui précède, le MCC, qui ne peut être trotskyste en raison de son apparence, songe à se recycler comme membre de l’ADQ. Cela lui permettra de vivre des situations kafkaïennes et qui sait, lui aussi, de recevoir le vote d’Omar Bongo, le défunt président du Gabon. NOTE à ceux qui ne savent pas ce qu’est l’ ADQ : Dépêchez-vous de cliquer sur le lien sinon demain, il sera peut-être trop tard, elle aura cessé d’exister.

-Comme cette réplique est déjà remplie de faits plus ou moins connus, terminons là en en citant un seul, soit le numéro 14 :

« Par goût personnel ou par souci d’indépendance,  inspirée en cela par le discours féministe de la mule, Madame Castor tient maintenant son propre blogue. Comme Madame Castor, professeur dans un univers parallèle à celui-ci,  est plutôt portée sur l’éducation, le blogue met en vedette les réalisations de ses élèves de 2 et 3 ième année. Nous vous invitons à leur laisser un commentaire. Les jeunes de cet âge sont toujours fascinés par l’intérêt qu’on leur porte, d’autant plus si cela provient d’une lointaine contrée. »

Ils ont pourtant largement surclassé le CH 55-20 au chapitre des tirs au but

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12-13 novembre : « Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage… »

14 novembre 2009 at 4:46 (Le journalisme au Cameroun)

Cette célèbre citation de Nicolas Boileau illustre parfaitement ce qui m’est arrivé cette semaine : en moins de 24h, le même reportage est passé d’un horrible direct hésitant à un sympathique papier magazine rempli de musique traditionnelle camerounaise… Heureusement que la postérité (lire : le serveur de la station) gardera uniquement la trace de la seconde version!

Je m’explique. Jeudi après-midi, je suis envoyée sur le terrain pour couvrir le lancement officiel du Festi-Bikutsi, une semaine qui célèbre une musique d’origine bantoue appelée le bikutsi (voir des vidéos intéressants ici).  L’évènement est très couru et toute la salle de rédaction s’accorde à dire que ma présence au lancement est une très bonne idée pour ma culture… Jusque-là tout va bien.

anne-marie Nzie

Anne-Marie Nzie, la diva du bikutsi, qui cumule 60 ans de carrière musicale

Je me rends donc sur place vers 15h30 avec deux collègues et un caméraman. Le début des cérémonies est prévu pour 16h. Premier hic : on est en Afrique, alors ça débute à 17h. Quand on sait que son reportage est attendu pour le journal de 18h30, ça commence à être stressant! Décision est donc rapidement prise de faire une intervention en direct par téléphone portable, une première dans ma carrière. Et je répète que j’haïs le direct avec un H majuscule!

La cérémonie en tant que telle est brève et intéressante, parce qu’elle comporte peu de discours et de nombreux numéros de danse et de chant dont on recueille des extraits sonores pour usage futur… Mais elle ne nous laisse tout de même uniquement 20 minutes pour composer un reportage, le pratiquer et le livrer en direct en ondes. Ce n’est définitivement pas suffisant, surtout pour une néophyte comme moi, qui ne bénéficie d’aucun conseil de la part de son collègue habitué, occupé à autre chose!

En plus du stress du direct et de la dernière minute, il a fallu trouver un second téléphone portable (le mien n’ayant pas le crédit nécessaire et celui du collègue nous servant de relais radio) et dénicher un coin pas trop sombre et pas trop bruyant (je vous rappelle que l’on couvre le début d’un festival musical après la tombée de la nuit). Et un plus dans mon cas, repousser les admirateurs insistants décidés à ne pas me laisser travailler (rien de nouveau sous le soleil!).

Bien sûr, parce que « the show must go on », je me suis acquittée de ma tâche en tentant de faire abstraction des conditions difficiles, du parterre de courtisans et surtout de mon immense stress. Malgré un texte potable, le résultat ne fut pas très concluant, ma voix a beaucoup chevroté et mon débit était plus que hachuré… En définitive, c’était pas mal mauvais! Presque qu’assez pour me donner envie de rester cachée chez moi le lendemain matin pour éviter les moqueries de mes collègues… Heureusement (ou pas?), mon statut d’étrangère a adouci les critiques et ils se sont contentés de me dire que «C’est normal pour quelqu’un qui n’a pas l’habitude« et que «Ça irait mieux la prochaine fois».

Le point positif, c’est que j’ai eu la chance de retravailler mon reportage pour une seconde diffusion dans le cadre de la rétrospective de la semaine en ondes le samedi matin. J’ai donc peaufiné le texte et l’ai fait corriger par mon collègue le plus critique avant de le pré enregistrer vendredi après-midi. Le temps et les moyens étant disponibles, je l’ai également agrémenté d’extraits sonores de circonstances allant des accords de guitare au tam-tam… Le résultat en est un sympathique reportage musical bien articulé et assez fluide dont je suis pas mal satisfaite (les intéressés pourront l’écouter au retour). J’attends donc les critiques sur celui-là lundi matin à des fins de comparaison.

D’ailleurs, parlant de lundi matin, j’entamerai ce jour-là le dernier droit de la partie yaoundéenne de mon périple, destinée à se terminer dans deux semaines. Heureusement pour moi, ma prochaine étape n’est qu’à 3h et 7,50$ d’autobus de Yaoundé… Je ne serai donc pas totalement coupée des belles amitiés que j’ai établies dans la cité capitale, où il y a de grandes chances que je revienne célébrer Noël d’une façon ou d’une autre… Mais « ça, c’est une autre histoire », comme dirait le journaliste québécois Philippe Schnobb!

P.S. Pour les intéressés, la phrase de Nicolas Boileau qui a inspiré le titre de mon billet est extraite du poème Il est certains esprits…, qui compose le « Chant I » de son ouvrage L’Art poétique (1674).   La version intégrale de la citation se lit comme suit :

Hâtez-vous lentement, et, sans perdre courage,

Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage :

Polissez-le sans cesse et le repolissez ;

Ajoutez quelquefois, et souvent effacez.

Pour votre culture, c’est ce même M. Boileau qui a écrit – toujours dans Il est certains esprits…– le célèbre adage « Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement, et les mots pour le dire arrivent aisément ». Voilà pour le cours de littérature française!

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9 novembre : Souvenez-vous de vos grands-mères… et remerciez-les!

9 novembre 2009 at 6:38 (Yaoundé)

Voici venue l’heure d’une montée de lait féministe… Je l’ai retenue aussi longtemps que j’ai pu, mais là, mes limites sont atteintes!!!

Primo, pour ceux qui en douteraient encore, je tiens à signaler à tous les habitants de la planète (mais à ceux du Cameroun en particulier) que je ne suis pas la chérie, la beauté, la mignonne et encore moins la poupée de personne. J’ai beau être une femme, et une Blanche de surcroît, cela ne fait pas de moi un être dont on peut s’attribuer la propriété quand bon lui semble, et encore mois après 3 secondes de conversation! Un simple «Bonjour!» me fait déjà très plaisir, alors tenez-vous-en là s’il vous plaît.

Secundo, ce n’est pas parce qu’au moins 80% des hommes qui me parlent disent me trouver très jolie (d’ailleurs, je ne sais pas si cette proportion inverse à celle du Québec est due à une immense différence de goût ou tout simplement à l’opportunisme ambiant…) que ça leur donne le droit de me tripoter le bras, de me flatter le dos ou encore de me mettre la main au derrière! Plusieurs Camerounais auraient besoin d’une solide leçon sur «l’espace vital» des individus et sur le caractère privé dudit espace… Le pire, c’est la chaleur ambiante est très loin de donner envie de se coller sur les gens!

Tertio, je n’ai pas besoin d’entremetteur(e)! Je suis venue au Cameroun en tant que célibataire – et je suis maintenant pas mal persuadée d’en repartir comme telle -, dont l’objectif n’est vraiment pas de se trouver un mari camerounais… Alors arrêtez de vouloir me «matcher» (québécisme pour caser) avec votre frère, votre cousin ou vous-même! Je peux affirmer hors de tout doute qu’à moins de rencontrer une perle rare qui renie une bonne partie de sa culture et de sa tradition, je ne serais pas capable de débuter une relation sur les bases locales des relations hommes femmes, qui me font de plus en plus penser à celles qui avaient cours du temps de nos grands-mères…

Cette allusion à nos aïeules me donne l’occasion d’ouvrir une parenthèse fort à propos. Ma maman m’a récemment fait parvenir la copie du discours que Lise Payette – une figure emblématique du mouvement féministe québécois – a prononcé à l’occasion de l’acceptation du doctorat honoris causa que lui a octroyé en juin dernier mon alma mater, l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Le texte complet est disponible ici et mérite une lecture attentive, mais je vous en propose pour ma part des extraits choisis :

« Ma révolution féministe, elle me vient d’elle (ma grand-mère Marie-Louise). Cette révolution, elle continue son petit bonhomme de chemin, mais elle a commencé bien avant nous. Bien avant moi et bien avant vous. Vos grand-mères et vos arrières grand-mères l’ont menée dans la joie et la misère, maison par maison, village par village, assumant en même temps et sans baisser les bras, la revanche des berceaux et la revanche des cerveaux, souhaitant encore et toujours que leurs filles aient une meilleure vie que la leur et les obligeant souvent à être aussi instruites que possible pour assurer la transmission du savoir. Ce sont ces femmes, celles qui étaient là avant nous, qui ont empêché ce pays de sombrer dans la noirceur totale de l’ignorance. Ce sont elles qui ont continué à fournir les mots pour exprimer le désespoir comme le bonheur et qui ont ouvert l’esprit des enfants qu’elles mettaient au monde pour qu’ils aient un minimum de culture…

… Marie-Louise me disait que je devais faire mieux, car la vie n’allait pas se simplifier, au contraire. Qu’il fallait foncer, ne pas accepter de se faire dire non. Que les études, au bout de  tout, c’est ce qui restait…même quand il n’y avait plus rien…

…Ce que je trouve le plus difficile à vivre pour mon cœur de féministe en ce moment, c’est quand je réalise que vous, les jeunes femmes, avez l’air de penser que ce que vous avez en ce moment, ce que vous prenez pour acquis, que tout ça, les études, l’Université, l’égalité … ça a toujours existé. Que vous ne devez rien à personne…

…Il m’arrive de vous trouver ingrates comme si vous étiez incapables de comprendre que des femmes se sont battues avant vous pour obtenir ce que vous avez maintenant. Comme si vous vouliez effacer d’une phrase les humiliations et les déceptions de ces femmes qui vous ont précédées et qui n’ont pas eu accès à ce que vous considérez comme vous étant dû aujourd’hui…

…Nous devrions toutes être vraiment fières de dire que nous sommes féministes, car l’Histoire témoignera bien un jour du fait que les femmes ont mené à travers les siècles et les continents une révolution sans violence qui a fini par faire de nous des citoyennes à part entière, des égales en toutes matières sans jamais renoncer à ce qui nous différencie de nos compagnons. Je vous certifie qu’on peut être féministe et féminine, qu’on peut aimer d’amour et garder sa tête et son cerveau, qu’on peut avoir des enfants et faire des études… »

Question d’enfoncer encore plus le clou de Madame Payette, je tenais à vous dire que les Québécoises sont extrêmement chanceuses de bénéficier des générations féministes qui nous ont précédés… Car depuis le début de mon séjour au Cameroun, je constate qu’ici ces grands-mères ne sont pas encore nées, et les femmes n’ont ni beaucoup de droits ni beaucoup de possibilités!

Même celles qui ont fait des études se doivent de se plier à leur mari – et le célibat n’est définitivement pas une option! -, qui a d’ailleurs la permission et presque l’obligation sociale d’avoir plusieurs femmes (pas nécessairement légitimes) et plusieurs enfants avec chacune. Enfants dont ils laissent bien sûr l’éducation et la responsabilité quotidienne à la mère, en plus de la cuisine, du ménage et de toutes les tâches bassement domestiques indignes de leur statut de chef de famille… Et si la situation est un peu plus égalitaire dans les milieux de travail, les femmes ont quand même l’obligation de répondre aux diverses réquisitions de leurs collègues masculins, et ce, sans rechigner, au risque de se faire traiter de «révoltée»… Ce qui m’arrive 3 fois par jour en moyenne, à ma plus grande satisfaction!

Bon, c’est sûr que comme «on ne coupe pas d’arbres sans faire du bran de scie» (!), dixit le député adéquiste démissionnaire Éric Caire, je ne me fais pas que des amis avec mes positions féministes, et je suis au courant que plusieurs rumeurs parfois loufoques circulent sur mon compte… L’avantage, c’est que ceux qui m’approchent malgré tout sont nécessairement les plus sympathiques à mes idées, donc ceux avec qui j’ai plus de chance de m’entendre!

Tout ça pour dire que c’est grâce aux féministes québécoises d’hier que je sais aujourd’hui que j’ai le droit – et le devoir –  de résister énergiquement aux aberrations que certains Camerounais tentent de me faire avaler quotidiennement depuis deux mois… Et je leur en serai éternellement reconnaissante!

Tant qu’à être dans la gratitude, j’affirme à mon tour que sans ma grand-mère maternelle, Raymonde, qui a eu 12 filles qui ont majoritairement fait des études et qui ont toutes éduqué leurs enfants dans un esprit d’égalité, je n’aurai probablement pas le courage d’écrire ce billet aujourd’hui… Et que dire de ma grand-mère paternelle Julie, une grande voyageuse avant-gardiste à sa façon, sans qui je ne vous écrirai sûrement pas un texte en direct du Cameroun aujourd’hui… Merci grands-mamans!

D’ailleurs, si ma Julie avait pu rencontrer la Marie-Louise de Lise Payette, elles se seraient probablement très bien entendues, même si 45 ans les séparaient… Quand je lis des paroles telles que : « Rien n’était planifié dans ma vie. J’ai juste suivi le conseil de Marie-Louise et j’ai foncé. (…) J’ai choisi de ne jamais dire non à tous les défis que la vie m’a offerts et grâce à cette attitude, je ne me suis jamais ennuyée, ce qui est le plus beau cadeau que la vie m’ait fait », j’ai l’impression d’entendre les conseils de ma grand-mère, même s’ils n’était pas exprimés aussi clairement.

Dans une toute autre direction, je ne pourrais décemment pas finir ce billet sans féliciter mes compatriotes masculins québécois pour leur savoir-vivre et leur respect des femmes. Je sais qu’on vous malmène souvent, mais vous méritez vraiment d’être complimenté là-dessus… Et je peux dire sans gêne que je vous apprécierai encore plus au retour! ;-)

Sur ce, n’oubliez pas de traiter vos mères, conjointes, sœurs, amies et collègues avec le respect qu’elles méritent, et remercier vos grands-mères du fond du cœur!

P.S. Je m’excuse auprès de ceux (et celles) qui ont déjà reçu un message semblable dans leur boîte de courriel, mais je crois que vous comprendrez mon empressement à élargir mon lectorat sur la question… Heureusement pour vous, quelques paragraphes sont quand même des inédits! ;-)

P.P.S.  Ça n’a aucun rapport avec le sujet du précédent texte, mais tant qu’à se souvenir, ça a fait 20 ans aujourd’hui que le Mur de Berlin est tombé… Même si ça n’a pas permis de matérialiser tous les espoirs du Wind of Change (regardez le vidéo, ça vaut la peine!),  ça a tout de même  révolutionné pas mal de choses.  Je vous invite à jeter un petit coup d’oeil à au dossier du journal La Presse pour augmenter votre culture générale sur le sujet.  Bonne lecture!

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La réplique du castor, dernière partie (8)

7 novembre 2009 at 11:14 (Castor canadensis)

Voici plus de trois  semaines, la castor écrivait : « Je vais donc me reposer un peu pour retrouver ma zennerie et préparer une réplique énergique à cette intrusion post rupture optico fibreuse! »

La réplique sera peut-être énergique mais pour se reposer, on repassera. Durant cette période, la mule à cabas a profité du silence castorien pour inonder le blogue de pas moins de sept articles et ce, sans aucune réplique du MCC. Mais que faisait pendant cette période cet être généralement si disert ou bavard, selon les points de vue ? Eh bien,  il préparait son déguisement pour l’Halloween!

Compte tenu de ses talents limités de couturier et de la relative impossibilité de coudre  un vêtement adéquat dans le milieu généralement humide où il vit, il conclut rapidement qu’il devrait se faire aider pour réaliser ce qu’on pourrait qualifier de « transformation extrême », comme on dit en bon français.

Mais il lui fallait d’abord concevoir quelle direction prendrait son « look d’enfer », comme on dit en semi bon anglais. Comme il voulait créer un personnage terrifiant pour le 31 octobre, il songea d’abord à se déguiser en tête de mule soit :

Look infernal

Infernal!

Il rejeta aussitôt l’idée car il y a une limite à faire peur aux enfants! Inspiré malgré tout par la dite  mule, il songea à lui faire un pied de nez virtuel en adoptant les  couleurs du drapeau de son pays d’adoption, le Cameroun :

Le castor aux couleurs du Cameroun

L'être improbable

Toutefois, il se demanda immédiatement comment rester crédible avec une telle apparence? En effet, il est difficilement concevable qu’un être poilu venu du froid devienne le symbole d’un pays tropical, ne serait-ce que le temps d’une journée. Par association d’idée, comme pour beaucoup de gens « froid » égale « Québec »  il se vit très bien portant fièrement les couleurs du drapeau du Québec :

Le castor du Québec

Le castor "épaillé"

Il y renonça aussi car, compte tenu des tiraillements politiques qui prévalent entre d’une part le ROC (Rest Of Canada),  symbolisé par le castor, et d’autre part le Québec,  symbolisé par le fleur de lys, MCC risquait de souffrir d’un dédoublement de la personnalité pour le ROD (Rest Of my Days). Il ne lui restait donc qu’une seule possibilité qui soit à la fois rassembleuse tant pour lui que pour le Québec et le ROC. Voici donc  le « Castor Canadien…de Montréal » dans toute sa splendeur :

Le castor "CANADIENS de MONTRÉAL"

Le castor "rapaillé"

Je vous laisse à la contemplation de cette être quasi parfait qui, évidemment, reçoit d’office le titre de « Castor Honorifique ». Ajoutons simplement  les faits peu connus #12 et #13.

#12 : Lors des récentes élections municipales tenues dimanche le 1ier novembre à la grandeur du Québec,  la tante Lorraine de le  tête de mule a été élue comme conseillère municipale à Saint-André-Avellin, le patelin d’origine de la dite tête de mule. Ce qui est connue, c’est qu’elle a reçue  plus de votes que son adversaire. Ce qui est moins connu, c’est qu’elle a reçue, en nombre absolu,  le plus grand nombre de votes de tous les candidats en présence soit 899. Nous la félicitons donc pour cet exploit et pour être la première de sa famille, à la connaissance du MCC,  à occuper un poste électif au niveau municipal.

#13 : Connu jusqu’à maintenant de 4 ou 5 personnes seulement, le fait est que les nombreux habits d’Halloween du MCC sont l’oeuvre de PhotoShop manipulé par … la tête de mule elle-même!!!! Pour cette raison, nous ne la nommons pas personnalité de la semaine comme cela se fait chaque semaine à La Presse en vue du gala Excellence,  mais lui décernons le titre de « CH », qui pour elle signifie « Castor Horrifiant » (voir Infernal ci-dessus).

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4 novembre : Flash Info

4 novembre 2009 at 8:15 (Note de la rédaction)

Parce que j’ai envie de m’exprimer succintement sur plein de sujets sans aucun lien apparent, je m’inspire de la colonne des activités de Ville Mont-Royal publiée chaque semaine dans mon cher Journal de Mont-Royal… Je salue d’ailleurs au passage les artisans et les lecteurs dudit journal, dont je m’ennuie parfois (très momentanément, mais quand même!).

Postmortem des élections municipales québécoises

Chaleureuses félicitations à tante Lorraine et à tous les autres élus de mon entourage. Je vous souhaite un bon mandat et beaucoup de courage!

Par contre, aucune félicitation à mes concitoyens montréalais qui ne sont quasiment pas allés voter (38% de participation) et qui ont reporté au pouvoir Gérald « Je ne le savais pas! » Tremblay pour un autre quatre ans…

Ce qui me rassure, c’est que mon quartier adoré – Hochelaga-Maisonneuve – est maintenant dirigé par le maire Réal Ménard (ex très dévoué député fédéral bloquiste d’Hochelaga), accompagné entre autres de Louise Harel, la nouvelle chef de l’opposition à l’hôtel de ville (et ex très dévouée députée provinciale péquiste d’Hochelaga)… Bonheur (politique) à moi! 😉

Voter par valise diplomatique interposée

Question de vous prouver que je respecte mes propres conseils, je voulais vous annoncer que je vais remplir mon devoir de citoyenne demain matin au Haut-commissariat du Canada à Yaoundé. Mon bulletin de vote spécial pour l’élection partielle fédérale dans ma circonscription d’Hochelaga m’y attend depuis cet après-midi.

Cette élection, qui se tiendra le 9 novembre, a été rendue nécessaire par la démission du député du Bloc Québécois Réal Ménard, en poste depuis 1993. Ceux qui ont suivi le thème précédent comprennent pourquoi il a démissionné (les autres, retournez lire!). Étant une fière résidente de cette circonscription depuis août 2004 (déjà!), je me dois maintenant de faire le choix éclairé de mon nouveau député fédéral. Un gros merci en passant aux journalistes des Nouvelles Hochelaga-Maisonneuve.

Merci aussi à Élections Canada, qui me permet profiter des services postaux gratuits de la valise diplomatique canadienne pour cause d’absence d’adresse postale claire (je vous ai déjà parlé de l’absence de nom de rue et de numéro de porte). Le plus drôle, c’est que l’adresse du Haut-commissariat du Canada est elle-même plutôt cryptique : Immeuble SCI-TOM (ex-Stamatiades), Place de l’Hôtel de Ville!

De l’importance du 6 novembre

Ce vendredi sera une journée de célébration à travers la République du Cameroun : on fête le 27e anniversaire de l’ascension de l’actuel président Paul Biya au pouvoir. Les nombreux Camerounais qui gravitent autour du RDPC (Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais), le parti du président, sont bien sûrs extatiques et chantent les louanges du chef de l’État déjà depuis près d’une semaine. D’ailleurs, il semblerait que jeudi et vendredi seront à toutes fins pratiques des journées fériées, car il faut du temps pour s’assurer que tout est parfait pour célébrer le Cheuf (le clin d’œil à Maurice Le Noblet Duplessis est volontaire, car je crois bien que celui-là aussi mourra au pouvoir!).

Pour rester polie, disons que de voir autant de moyens financiers et humains accaparés par l’apologie d’une seule personne supposée aider son pays à se sortir du sous-développement me donne des boutons! Mais chuut… Je travaille dans à la radio d’État, donc je ne peux que louanger ledit monsieur!

De toute façon, j’aurai quelque chose d’autrement plus important à souligner le 6 novembre prochain : l’anniversaire de ma maman! 😉

Ma future demeure à Douala

Mon séjour à Yaoundé tirant lentement mais sûrement à sa fin (le 28 novembre), je me dois de commencer à préparer mon second stage qui aura lieu chez Radio Veritas à Douala. Je suis donc en pourparlers avec le diocèse de la capitale économique camerounaise quant à l’endroit où je logerai entre la mi-décembre et la mi-février.

Tout augure bien pour que je m’établisse dans une chambre du centre d’accueil de la Cathédrale St-Pierre-et-St-Paul, situé à deux pas (au sens propre) des locaux de Radio Veritas. Le directeur de l’information négocie actuellement le prix pour moi, mais j’espère sincèrement que mon statut de stagiaire bénévole va jouer dans la balance pour baisser les tarifs! Je vous donne plus de détails dès que j’en ai…

Confirmation de mon retour au bercail

À tous ceux que ça intéresse – et aux autres aussi – j’annonce que j’ai fait le nécessaire pour officialiser ma date de retour au Québec. Je quitterai donc l’aéroport international de Douala  le jeudi 4 mars 2010 à 23h55. Après une escale de 6h à Zurich, mon arrivée à l’aéroport Pierre-Elliot-Trudeau est prévue le vendredi 5 mars 2010 vers 15h15,  heure de Montréal. Que tous ceux qui éprouvent l’envie de venir m’accueillir (ou encore qui en sont tenus par responsabilité familiale) en prennent bonne note!

Petite anecdote au passage : malgré ses bureaux très modernes et climatisés, l’antenne locale de Swiss à Yaoundé n’accepte aucun moyen de paiement électronique… J’ai donc dû courir au guichet automatique le plus proche (près de 2 km aller-retour) pour rassembler le montant requis, quand même substantiel. Avec des taux de change qui tourne autour de 410 francs CFA pour 1 $CAN et 650 FCFA pour 1 euro, disons que cette façon de faire donne des idées de cambriolage!

Une nouvelle tête samedi!

Trois semaines (déjà!) après ma transformation en mule rastafari, il est maintenant temps de changer de look… Et de me laver les cheveux! 😉 Rendez-vous a donc été pris ce samedi avec la coiffeuse à domicile pour une seconde métamorphose. La couleur des rallonges devrait rester la même (les autres options sont l’ébène et le blond, donc non merci!), mais je vais délaisser les rastas pour le style «passes mèche», soit des nattes plus larges qui suivent la courbe du crâne.  Vous aurez une photo en fin de semaine, c’est promis!

Toujours dans la veine esthétique, j’ai appris hier une très bonne nouvelle : les retailles de mes boubous sont assez grandes pour que la couturière m’y coupe deux robes africaines en plus des essentiels foulards de tête! Je devrai recevoir mes nouvelles tenues dans une semaine ou deux (encore une fois, la patience est de mise) et elles ne me coûteront que le prix de la main-d’œuvre, soit une quarantaine de dollars… J’ai bien hâte de vous les présenter!

Je suis ben ouvert(e) à vos commentaires (et vous n’avez même pas besoin de payer le cognac!)

Je tiens à remercier tous ceux et celles qui ont répondu à mon appel de commentaires et qui m’ont laissé un petit mot durant la dernière semaine.  Je les lis – et les relis – avec le sourire, et ils me donnent encore plus envie de continuer mon périple, et mon blogue par la même occasion. Parce que quoi qu’on en dise, voyagez toute seule, ça peut devenir long à la longue (la surenchère est volontaire) et ces petits mots me permette de me sentir entourée de ceux qui me sont chers, et qui me comprennent mieux que les Camerounais ne le feront jamais, même s’ils essaient pendant des années! 😉

Je vous invite donc joyeusement à continuer votre bon travail de remonte moral. Et tous ceux qui lisent sans commenter, eh bien je vous réitère ma demande de feedback (oh le méchant anglicisme… Mais ça fait du bien!) ! A bientôt!

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26 – 31 octobre : Enfin une semaine de travail digne de ce nom!

1 novembre 2009 at 6:46 (Le journalisme au Cameroun)

Déjà une cinquième semaine de stage de terminée… Et vu la charge de travail, un peu plus et je me serais crue au Québec! Mais loin de moi l’idée de me plaindre, car vous savez tous à quel point j’aime mon boulot! 😉

D’abord, je me suis trouvée une nouvelle fonction radiophonique préférée : la réalisation. Ce n’est pas très compliqué –  en gros, je dois m’entendre sur le menu du journal avec la présentatrice, rédiger la feuille de route pour le technicien de mise en ondes, sélectionner et les éléments du serveur et puis m’assurer du bon déroulement du journal en faisant des signes au technicien à la présentatrice -, mais c’est très important pour la bonne marche de l’émission. Le mieux, c’est qu’il semblerait que j’ai un certain talent dans ce rôle de «chef d’orchestre», et ça, ce sont  les présentatrices et les techniciens qui le disent!

La régie de CRTV Radio Centre... Je préfère nettement ce côté de la vitre à l'autre (le studio)!

La régie de CRTV Radio Centre d'où je réalise les radio journaux... Je préfère nettement me tenir de ce côté-ci de la vitre que de l'autre (en studio)!

Le seul aspect un peu négatif, c’est qu’à la seconde où ceux dont c’est l’assignation officielle ont compris que j’avais un intérêt pour la chose, ils se sont déchargés de leur responsabilité en ma «faveur», ce qui fait que j’ai réalisé tous les journaux de 11h de la semaine, autant en anglais qu’en français, en plus du 18h30 de jeudi! Bon, pour jeudi soir, je n’avais rien de mieux à faire de toute façon, étant stationnée à la radio tant et aussi longtemps que les routes étaient bloquées…

Petite parenthèse routière : quand le chef d’État Paul Biya se déplace, ou encore quand il véhicule des homologues étrangers (le président tchadien Idriss Déby Itno cette semaine), toutes les routes qu’il emprunte sont barrées des heures à l’avance, et elles le demeurent une heure ou deux après son passage… «Question de respect», semble-t-il. Dans une ville où les infrastructures routières sont déjà insuffisantes en temps normal, vous vous imaginez les embouteillages monstres! Dans le cas de la visite de 48h d’Idriss Déby Itno, les routes furent fermées pour son arrivée mercredi après-midi, sa visite au Palais de l’Unité, son déplacement à l’hôtel, sa sortie du Hilton vers le souper protocolaire, son retour à l’hôtel ensuite, ses divers déplacements de la journée de jeudi et finalement pour son départ vers l’aéroport vendredi matin… Vous comprenez que les Yaoundéens étaient excédés et devenaient encore plus téméraires au volant que d’habitude, comme si c’était encore possible!!! Fin de la parenthèse.

Outre la réalisation, j’ai produit trois reportages solos cette semaine. Tous portaient plus ou moins sur le même thème, soit l’importance de savoir utiliser l’ordinateur. Car croyez-le, je suis devenue la spécialiste informatique de la maison… Je sais, ça vous fait rire, mais disons qu’en raison du niveau de connaissances techno du Camerounais moyen, je suis une pure geek (lire «un individu qui investit beaucoup de temps dans sa passion, qui se situera souvent dans les domaines de l’informatique ou de la science-fiction (qui) s’intéresse donc énormément à cet univers particulier et dispose d’une grande culture générale à ce sujet» selon Wikipedia)! Surtout que j’amène toujours mon portable en studio pour lire mes textes que je rédige dessus… Ce n’est pas de ma faute s’il n’y a pas d’imprimante dans les environs!

Donc, pour le premier topo lundi soir, je crois avoir fait du travail potable… Mais les autres journalistes en ont sûrement eu une plus haute opinion, car mon reportage a été diffusé TROIS fois, soit au journal du soir et au 7h ainsi qu’au 11h du lendemain. Trop c’est comme pas assez, vous ne trouvez pas?

Ensuite, j’ai couvert mercredi la rentrée solennelle dans un lycée technique (qui a d’ailleurs reçu du financement canadien par le passé, comme plusieurs écoles techniques semblerait-il) avec pour objectif de parler de l’importance de l’informatique pour l’établissement. Jusque-là, tout est simple… Sauf que la longueur indue de la cérémonie m’a obligée à pondre mon reportage en 45 minutes avant d’aller le livrer en direct au journal… Et j’haïs le direct avec un H majuscule! C’est stressant et il y a trop de place pour l’erreur, quoi que je n’en aie pas fait cette fois-ci… Mais quelle poussée d’adrénaline! J’avais presque oublié l’effet que ça faisait, de même que l’envie de bière fraîche qui suit une grosse journée de boulot. Cette pulsion a d’ailleurs fait le bonheur des deux collègues que j’ai invités (mais cette fois, je savais que j’allais payer pour eux!) au bar du coin en attendant que les routes se dégagent. Et ne vous inquiétez pas pour ma sécurité, l’un desdits collègues s’est assuré de me reconduire jusqu’à la porte de ma demeure au retour!

Seconde parenthèse «transportante», sur les taxis cette fois. Comme ils tiennent lieu de transport en commun, je suis bien obligée d’en emprunter quelques-uns si je veux me déplacer en dehors des allers-retours à la radio. Toutefois, depuis mon arrivée, tout le monde me met en garde sur les dangers de prendre un taxi seule… Ça m’a donc pris près de 2 mois avant d’avoir le courage de le faire, question d’arrêter de toujours dépendre des autres. J’ai donc récemment appris à héler correctement les chauffeurs («400 francs – Nouvelle route Mvan!») et à ne pas me sentir stressée durant le trajet… Du moins en plein jour. Quand la nuit tombe (dès 18h30), c’est une autre paire de manches! J’essaie de toujours avoir un chaperon -heureusement que j’ai un collègue qui demeure dans mon voisinage – ou, quand ce n’est pas possible, je prends le numéro de plaque du taxi et j’appelle à la maison une fois assise à l’intérieur pour laisser savoir à tous qu’on m’attend… Et ça se passe bien! Fin de la seconde parenthèse.

Bon, je crois que j’ai assez écrit pour aujourd’hui. Je vous reviens prochainement pour la description de ma psychologiquement épuisante visite au marché ce samedi, ainsi que ma nouvelle connaissance intime des orages camerounais… En attendant, n’oubliez pas d’aller voter!

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